Landes : cette sciure de bois dont on se chauffe de plus en plus (2024)

En cette fin d’hiver, Philippe Coutière a le sourire. Le nez sur son écran d’ordinateur, le président-directeur général de Servary laisse parler les chiffres : « On est sur 100 à 120 000 poêles et chaudières à granulés de bois installés par an en France . »

Quand 14 % de la population française se chauffe au bois, dont plus d’un quart grâce à des granulés, son marché « est en hausse constante depuis deux ans », avec « une concurrence qui se structure ». « Par rapport au million de tonnes vendues en France l’an dernier, on reste tout petit avec les 25 000 tonnes produites ici. »

Ici, c’est Angresse. L’activité principale de ce site de 6,5 hectares est devenue...

En cette fin d’hiver, Philippe Coutière a le sourire. Le nez sur son écran d’ordinateur, le président-directeur général de Servary laisse parler les chiffres : « On est sur 100 à 120 000 poêles et chaudières à granulés de bois installés par an en France . »

Quand 14 % de la population française se chauffe au bois, dont plus d’un quart grâce à des granulés, son marché « est en hausse constante depuis deux ans », avec « une concurrence qui se structure ». « Par rapport au million de tonnes vendues en France l’an dernier, on reste tout petit avec les 25 000 tonnes produites ici. »

Ici, c’est Angresse. L’activité principale de ce site de 6,5 hectares est devenue, au fil des ans, la production de granulé de bois, aussi connu sous le nom de pellets . « Il faut rendre hommage aux frères Servary, qui ont osé se lancer, en 2008, avec un investissem*nt important de 3 millions d’euros. Dans ce marché balbutiant, il fallait y croire », salue Philippe Coutière.

« La qualité du bois, à l’entrée, fait la différence à la fin pour le ganulé »

Maintenu dans ses fonctions de directeur de site suite au rachat de la société par le groupe Biolandes, en 2011, Jean-Michel Bayens se souvient de ces débuts. « On produisait alors 2 millions de mètres carrés de lambris par an, soit 10 % du marché national. Mais on utilisait que 20 % de matière. Le reste partait en copeaux et en chutes. Ils étaient vendus. Les prix ne cessaient de baisser, alors on a décidé de faire du granulé. »

« Réutiliser les connexes »

Précurseur dans les Landes, Philippe Coutière se félicite du choix de ses prédécesseurs. « Le granulé de bois représente ce que doit être la transition environnementale . Il s’agit de réutiliser les connexes d’une industrie. » Avec 44 salariés, dont huit chargés de la production de pellets, le site maintient ainsi sa fabrication de parquets, meubles en kit et de scierie. À ces copeaux et sciures viennent toutefois s’en ajouter d’autres, venus de diverses scieries de la région, « dont celles de Gascogne », explique Philippe Coutière.

Landes : cette sciure de bois dont on se chauffe de plus en plus (1)

Sous quelques-uns des 20 000 mètres carrés de couverture du site Servary d’Angresse, les tas de sciures font des montagnes. « La qualité du bois, à l’entrée, fait la différence à la fin pour le granulé », certifie le PDG, dont le produit est distribué sous la marque Bio Forest . En 2014, une deuxième chaîne a été installée, afin de porter « la capacité de production à 40 000 tonnes annuelles ». Comme sa jumelle, celle-ci tourne, depuis, presque toute l’année, avec « des pics de production de juin à octobre et en fonction du froid ».

Pour arriver au produit fini et répondre à un cahier des charges drastique, plusieurs étapes sont nécessaires. « On part de déchets verts, avec un taux d’humidité d’environ 50 %. On doit arriver à moins de 12 % », dévoile Jean-Michel Bayens. Il est obligé de forcer la voix contre le son de la turbine. Elle souffle son air chaud dans « un échangeur, presque un radiateur ». Il peut sécher jusqu’à « 30 tonnes par jour ».

Vitesse et pression

Associée aux copeaux de bois, cette matière est ensuite broyée. « On dirait de la farine de bois » , montre le directeur du site. Celle-ci est ensuite envoyée dans une presse à granulés, sorte de grande roue de métal dans laquelle vitesse et pression jouent leurs jeux. « On met un millième d’amidon, mais on se demande si ce n’est pas psychologique. » Criblée de trous, la roue délivre ses pellets, encore chauds de leur extraction.

Landes : cette sciure de bois dont on se chauffe de plus en plus (2)

Un silo, d’une quinzaine de mètres de haut, permet de stocker « 500 tonnes », ensuite passées au crible d’un tapis vibreur. « Un granulé de bois doit mesurer de 32 à 40 millimètres », note Jean-Michel Bayens, en bout de bande. Les granulés tombent dans leurs emballages, « à 99 % des sacs de 15 kilos », à raison de « 45 tonnes en huit heures de travail. » Malgré ses 6 000 sacs produits par jour , Philippe Coutière se sait en capacité d’augmenter encore sa production. Le PDG de Servary reste prudent sur ce sujet.

« On ne veut pas aller en deçà de certaines choses. Un granulé, c’est un taux de cendre, un pourcentage d’humidité, une tenue, une taille et une consistance précise. La qualité est à ce prix-là. »

« 10 % de notre chiffre d’affaires »

Distributeur de bois, la Forestière Nicolas confirme l’engouement que connaissent depuis deux ans les granulésÀ la tête de la Forestière Pierre Nicolas, à Bénesse-Maremne, le gérant de cette société, spécialisée dans le ramonage, la vente de bois de chauffa*ge et de granulés confirme le succès connu par ces derniers. « On constate une évolution des pratiques. Alors qu’on était sur des ventes quasiment inexistantes voilà de ça quatre ans, les granulés de bois représentent maintenant 10 % de notre chiffre d’affaires », révèle Bernard Nicolas.Comme sa sœur Geneviève, qui le seconde dans cette société familiale, ils relèvent tous deux l’évolution des engins de chauffa*ge, désormais privilégiés par les consommateurs. « Il y a une demande pour le bois de plus en plus forte. Certains changent leur équipement au gaz ou au fuel, pour passer au bois. Mais d’autres qui y étaient déjà passent aux granulés. C’est notamment le cas de personnes âgées, par rapport à la facilité d’utilisation et le confort de chauffe. »« Les prix augmentent »Face à cette demande, qui se traduit pour lui par la vente annuelle de « plus de 25 000 sacs de 15 kilos de granulés », Bernard Nicolas pose un regard d’habitué sur l’avenir. « Les prix des granulés augmentent. Cela ne devrait pas s’arrêter. Déjà, avant cette saison, certains fournisseurs nous ont parlé d’un possible manque de granulés, dans le cas d’un hiver très froid. »La pénurie ou la flambée des prix n’ont, pour l’heure, pas encore eu lieu. La concurrence se fait en revanche vive, à l’image des granulés de chez Servary (lire ci-dessus), qui se retrouvent en vente aux côtés de produits venus d’Espagne. « On est ici sur des labellisations Din plus et En plus. Il existe aussi du bas de gamme, venu des pays de l’Est, mais les granulés ne sont pas aussi conforme à ce que l’on peut attendre d’eux. »La majorité de ses clients profitent du stockage offert par la Forestière dans le cas d’un achat à la palette avant l’été. D’autres semblent apprécier l’initiative du gérant : voilà déjà quelques années qu’il a installé un distributeur de bois devant son entreprise. Sur les six caisses, quatre sont réservées aux granulés.B. F.

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